L'EMOTION POETIQUE

L'émotion poétique est de l'ordre des révélations intimes, fragiles, précaires, et toujours recommencées.

J.P SIMEON

lundi 17 février 2014

Au corps de...



Au corps de…









La nuit lui convenait,

Une nuit musquée

De rut échevelé,

De soupirs,

Enchantée

De plaintes

Et le bruissement des draps de soie noire luisante.


La nuit enveloppait la couche,

Il laissait échapper une psalmodie chuchotée,

Des mots, des râles étouffés.



 Parfois,

Il s’avançait jusqu’à la demeure pétrifiée,

Envahie d’une végétation dense et mystérieuse.



Le sexe dressé.

C’était dans un temps de lune montante,

Il savait son corps illuminé

Bâillonné de lumière,

Les lieux les plus secrets ouverts à son regard,

Le désir s’écoulant en liqueur parfumée,

C’était une fontaine,

De frissons, de pulsions,

Une chaleur étrange s’emparait d’ELLE.



Elle savait ce moment

et se laissait aller dans cette manipulation  douce.

Les doigts de celui qu’elle appelait souvent, dans le sommeil et le rêve,

les doigts,

magiques dans leurs parcours,

glissaient, légers, le long des jambes abandonnées,

arrondissaient le ventre parfait, disparaissaient dans la toison parfumée,

remontaient le long des lombes cambrées,

s’attardaient sur le visage,

et caressaient longuement le cou rejeté vers l’arrière,

encolure de biche étendue dans le feuillage pourrissant de la forêt.

Le maître parcourait son domaine.



*



A chacune de ses promenades,

nocturnes,

à la pleine lune

sous la pluie d’automne,

dans le froid et le vent,

parfois sous la neige

il pénétrait dans son atelier de sculpteur maintenant déserté.



*



s’emparait d’un lien lumineux

étrange fine cordelette

et du front couronné

enveloppant la nuque, le col, les épaules,

soutenant les seins qu’elle portait en bijoux,

le torse le ventre,

et se perdait dans le bas en volutes lumineuses.



Chacun de ses mouvements déclenchait en elle un frisson voluptueux,

elle gémissait et perdait conscience

dans une étreinte puissante qui la transformait pour l’éternité.





*



A l’aube

la recouvrait d’une peau de loup abattu lors des grandes chasses,

et sortait dans le froid et le brouillard.

S’enfonçait dans la forêt humide.

Un chasseur.

C’était un chasseur de bêtes sauvages.











©christian cazals.

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