Au corps de…
La nuit lui
convenait,
Une nuit musquée
De rut échevelé,
De soupirs,
Enchantée
De plaintes
Et le bruissement des
draps de soie noire luisante.
La nuit enveloppait
la couche,
Il laissait échapper
une psalmodie chuchotée,
Des mots, des râles
étouffés.
Parfois,
Il s’avançait jusqu’à
la demeure pétrifiée,
Envahie d’une
végétation dense et mystérieuse.
Le sexe dressé.
C’était dans un temps
de lune montante,
Il savait son corps
illuminé
Bâillonné de lumière,
Les lieux les plus
secrets ouverts à son regard,
Le désir s’écoulant
en liqueur parfumée,
C’était une fontaine,
De frissons, de
pulsions,
Une chaleur étrange
s’emparait d’ELLE.
Elle savait ce moment
et se laissait aller
dans cette manipulation douce.
Les doigts de celui
qu’elle appelait souvent, dans le sommeil et le rêve,
les doigts,
magiques dans leurs
parcours,
glissaient, légers,
le long des jambes abandonnées,
arrondissaient le
ventre parfait, disparaissaient dans la toison parfumée,
remontaient le long
des lombes cambrées,
s’attardaient sur le
visage,
et caressaient
longuement le cou rejeté vers l’arrière,
encolure de biche
étendue dans le feuillage pourrissant de la forêt.
Le maître parcourait
son domaine.
*
A chacune de ses
promenades,
nocturnes,
à la pleine lune
sous la pluie d’automne,
dans le froid et le
vent,
parfois sous la neige
il pénétrait dans son
atelier de sculpteur maintenant déserté.
*
s’emparait d’un lien
lumineux
étrange fine
cordelette
et du front couronné
enveloppant la nuque,
le col, les épaules,
soutenant les seins
qu’elle portait en bijoux,
le torse le ventre,
et se perdait dans le
bas en volutes lumineuses.
Chacun de ses
mouvements déclenchait en elle un frisson voluptueux,
elle gémissait et
perdait conscience
dans une étreinte
puissante qui la transformait pour l’éternité.
*
A l’aube
la recouvrait d’une
peau de loup abattu lors des grandes chasses,
et sortait dans le
froid et le brouillard.
S’enfonçait dans la
forêt humide.
Un chasseur.
C’était un chasseur
de bêtes sauvages.
©christian cazals.
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